La clarté dans les relations interpersonnelles

Selon le multidictionnaire de la langue française (quatrième édition), la clarté traduit "le caractère de ce qui est nettement intelligible". Pour mieux comprendre cette définition, je crois qu'on doit s'attarder à l'intelligibilité. Alors voici, ce qui est intelligible est ce "qui peut être compris, clair, ce qui est compréhensible".


Si j'ai ajouté le "dans les relations interpersonnelles" lorsque j'ai écrit le sujet, c'est dans un but bien précis. En fait, je crois que nous savons tous à primes abords ce que c'est la clarté. Pourtant, dans nos relations avec les autres, j'ai parfois l'impression que cette caractéristique est mise un peu de côté.

Pour ma part, la clarté est l'un des éléments très importants pour avoir une bonne communication et surtout, ne créer aucun malentendu.


Que cela soit en égard de l'amour, de l'amitié ou de tout autre relation, le fait d'user de clarté est primordial, à mon sens. Tout comme le respect (dont je parlerai dans un autre sujet) est la base de toutes relations humaines, la clarté est, à mon avis, l'un des principaux facteurs influant sur cette notion de respect des autres.

Mais comment se vit-elle cette clarté?

Personnellement, je crois qu'elle se vit de diverses manières et c'est cela que je vais essayer de vous démontrer, même si vous n'êtes pas tenus de croire en ce que je dis. (On a tous nos façons de percevoir les choses... et ce forum est l'endroit idéal pour apporter nos divergences de points de vue!)

LA CLARTÉ PAR LES MOTS

Je crois qu'avant toute chose, pour avoir une conversion claire, il faut user des bons mots pour désigner les choses, les émotions, les actions à prendre ou prises, etc. À mon avis, quelqu'un ayant un vocabulaire restreint peut plus facilement introduire des interprétations différentes pour les gens qui font office de récepteurs de son message (référence Cours de communication: "Pour que le message transmis par l'émetteur soit intelligible, il faut que le récepteur ait le même vocabulaire, que les mots usés aient le même sens pour les deux et que ces mots ne puissent avoir deux significations divergentes".)

Il existe diverses méthodes pour arriver à mieux user des mots que nous disons. Je crois que la meilleure façon de parfaire son vocabulaire, c'est de lire beaucoup. On peut aussi consulter le dictionnaire lorsqu'on n'est pas certain du sens d'un mot... Mais si vous désirez une façon beaucoup moins technique d'être certain que le sens que vous donner à un mot est le même pour l'autre, pourquoi ne pas user de reformulation (la reformulation consiste à dire la même chose, mais d'une façon différente). Il est même possible de demander à l'autre de reformuler ce qu'on a dit afin de s'assurer que nos dires ont été compris de la "bonne" façon. Tout réside donc dans notre façon de communiquer avec l'autre.

LA CLARTÉ PAR LA COHÉRENCE ENTRE LES DIRES ET L'ACTION

L'autre façon pour avoir un échange clair avec l'autre, c'est d'être cohérent (d'être logique, de ne pas nous contredire). Le meilleur exemple que je puisse donner pour la cohérence entre les dires et l'action est le suivant: quelqu'un dit oui, mais fait non de la tête ou affiche une moue dégoûtée lorsqu'on lui offre quelque chose. Cela est un exemple sur le vif, en fait (c'est-à-dire que l'incohérence est visible sur le coup). Toutefois, il existe un autre type d'incohérence entre les dires et l'action. Par exemple, quelqu'un pourrait dire "Je suis désolé, mais je n'ai pas vraiment envie de te connaître davantage" et le lendemain, cette même personne pourrait vous téléphonner.

Lorsqu'on se retrouve dans une situation telle que celle-là, le récepteur devient souvent mélangé face à ce que l'autre souhaite vraiment ("Veut-il me repousser ou souhaite-t-il prendre les choses tranquillement pour me connaître?")

L'incohérence entre les dires et l'action est pour moi l'un des grands obstacles dans les relations interpersonnelles. De cette incohérence peut naître grand nombre d'insatisfactions. L'imcompréhension du message de l'émetteur peut laisser entendre au récepteur que celui-ci est ambivalent face à la relation (je donne cet exemple pour demeurer constante avec celui mentionné plus haut). Cette ambivalence peut avoir divers effets sur le récepteur. Elle peut l'irriter, le chagriner, le fâcher, l'insécuriser, etc. Dans tous les cas, cela crée un malaise certain, car le récepteur en vient à ne jamais savoir sur quel pied danser face à l'autre. Devant cette ambivalence, le récepteur peut même en venir à se déprécier lui-même, en se disant des choses du genre de "Mais s'il est ambivalent face à moi, est-ce parce qu'il me manque quelque chose pour être à sa mesure? Est-ce moi qui ne comprend rien? Est-ce moi qui s'imagine des choses?", etc.

L'incohérence, à mon avis, n'a aucun effet positif sur les relations interpersonnelles.

Mais comment donc demeurer cohérent?

Il n'y a aucun moyen concret, je crois pour y parvenir. Je pense que la seule chose qui me vienne en tête, c'est de me dire qu'avant de dire quelque chose ou de poser un acte, on devrait s'arrêter et regarder en nous-mêmes, afin de savoir si ce que nous allons dire ou faire est en accord avec ce que nous pensons vraiment. Est-ce que cette parole ou cette action va en contradiction avec ce que nous souhaiterions? Si tel est le cas, alors, je crois qu'il faut tout simplement omettre de poser ce geste ou de dire cette phrase...

Et il ne faut pas omettre de penser au fait que certaines actions ont une signification différente pour les autres. Si on parle sexualité et affection, par exemple, certaines personnes (comme moi) les considèrent comme étroitement liées à l'amour. Ce qui veut dire que si quelqu'un passe un moment affectuex et sexuel avec ces gens-là, eh bien, il doit se dire que même si pour lui cela ne signifie rien, cela aura inévitablement un impact sur l'autre.

C'est l'une des raisons pour lesquelles je parlais de cohérence entre les dires et l'action. La personne ne désirant que du sexe devrait le dire dès le départ. Si l'autre lui mentionne, par exemple, qu'elle ne couche pas avec des amis, alors, la première personne ne devrait pas s'aventurer dans des ébats sexuels avec elle, car pour la deuxième personne, cela signifiera sans aucun doute que la première personne éprouve des sentiments amoureux à son égard (ce qui ne serait probablement pas la réalité...)

La cohérence dans les dires et l'action passe alors beaucoup dans la perception, si je peux dire, de la situation. C'est-à-dire que oui, quelqu'un peut croire être cohérent entre ce qu'il dit et fait, mais qu' à cause de l'impact que ces gestes ou dires auront sur l'autre, il y aura incohérence. Pour reprendre l'exemple mentionné, la personne qui dit ne pas vouloir s'embarquer dans une relation, mais souhaitant avoir un rapport sexuel le sait clairement dans sa tête, elle est cohérente face à elle-même... mais elle ne l'est pas face à l'autre, dans sa tête à elle.

Pour qu'une communication soit intelligible, qu'une relation soit saine, qu'il n'y ait pas d'incohérence ressentie, il faut que les deux regardent dans la même direction, que les deux comprennent les choses de la même façon, que les deux aient la même perception des évènements.

LA CLARTÉ PAR LA CONSTANCE

Je ne crois pas avoir besoin de développer ce point au maximum, car je pense que juste de mentionner la constance, c'est déjà assez clair en soi. Mais bon, je vais essayer d'expliquer ma pensée à ce propos...

Je crois que la constance, c'est-à-dire le fait que notre façon de dire et d'agir face à l'autre soit la même dans le temps, est un élément important pour la communication efficace ainsi que pour l'établissement de relations interpersonnelles saines.

C'est vrai qu'on ne pourra être demain ce qu'on était hier, dans le sens que chaque journée nous fait cheminer, évoluer, peu importe le type de trajet que nous prenons. Les évènements extérieurs qui surviennent peuvent modifier nos façons de percevoir une relation avec les autres, certes, mais si on demeure constant dans notre façon d'être, d'agir et de penser, cela évite des malentendus avec les autres. Par exemple, si aujourd'hui, je dis adorer la lasagne. Demain, mon amie m'invitera peut-être chez elle et pour me faire plaisir, me préparera un bon plat de lasagne. Alors qu'elle me sert, je la regarde, mal-à-l'aise, et lui dis: "Je m'excuse, mais je n'aime pas la lasagne!" Quel impact cela aura-t-il sur la relation? Je vous laisse le deviner... Bon, l'exemple est plutôt simpliste, je l'admets, mais quoi de mieux que la simplicité pour expliquer quelque chose de difficilement explicable???

Comment demeurer constant?

Je ne sais pas trop quoi dire... Personnellement, je crois être une personne assez constante dans mes émotions, en rapport avec mes interactions sociales. Toutefois, j'ai l'impression que c'est plutôt "inné", si je peux dire, alors, je ne saurais trop quel "conseil" donner... Toutefois, je peux dire que d'après moi, la constance naît en partie de l'authenticité. Lorsqu'on est fidèle à soi-même, on a, à mon sens, plus de probabilité d'être constant dans nos dires et actions, puisqu'on est toujours nous-mêmes... et que malgré le temps, la "base du nous-mêmes" est toujours la même.

Je ne sais trop que dire d'autre sur la constance présentement. J'y reviendrai peut-être plus tard.

LA CLARTÉ PAR LE DÉLAISSEMENT DES RÉPONSES ÉVASIVES

Me voici au dernier point dont je voulais parler concernant la clarté dans nos relations avec les autres.

Lorsqu'on apprend à connaître les autres, on leur pose, la plupart du temps, des questions afin de mieux savoir leurs goûts, leurs désirs, leur perception de la vie, de l'avenir, etc.

À mon avis, il est important d'être très clair dans les réponses que l'on donne aux autres, surtout lorsque ceux-ci posent des questions très clairement formulées. C'est à travers ce type de clarté que se joue, à mes yeux, la plus importante partie de la création de relations satisfaisantes, saines.

Je suis surprise de voir à quel point des questions simples (auxquelles on peut répondre par "oui" ou "non") puissent sembler si complexes pour certaines personnes. Par exemple, on pourrait demander à quelqu'un "As-tu envie d'être avec moi?". Et là, l'autre de répondre: "Ce n'est pas une question d'avoir envie ou non. L'envie amène l'insatisfaction. Et ce n'est pas parce que je ne suis pas avec toi présentement que je ne suis pas bien quand je suis avec toi. Ce n'est pas parce que je ne ressens pas d'ennui ou d'envie que je ne t'apprécie pas" etc. etc.

Ou encore, un autre exemple, on pourrait dire à quelqu'un "Écoute, même si présentement, tu ne ressens rien pour moi, crois-tu qu'un jour tu pourrais avoir envie d'être avec moi, de construire quelque chose ensemble?". L'autre personne (celle évasive), va alors répliquer une phrase de ce genre: "Pour l'instant, je n'ai pas envie de bâtir quelque chose avec toi, mais on ne sait jamais. Tout est possible." Il me semble que si moi, je ne suis pas intéressée par quelqu'un, je le lui fais clairement comprendre, tout en restant polie, respectueuse, diplomate, tout en essayant de lui causer le moins de chagrin et de déception possible... Bien non! Il paraîtrait qu'il est beaucoup plus facile d'user de réponses évasives, de dire qu'on ne peut savoir...

Oui, c'est vrai: personne n'est devin (ou presque). Mais quand même, si je n'aime pas les kiwis aujourd'hui, il est fort probable que je ne les aimerai pas plus demain, même si quelqu'un inventait une recette spéciale de pudding ou de gâteau au chocolat et kiwis... (Vous comprenez ce que je veux dire, non?)

Je ne sais pas pour vous, mais moi, ce type de réponses me mélangent encore plus...

Je pourrais donner bien d'autres exemples, qui pourraient peut-être être encore "meilleurs" pour décrire ce que je tente d'expliquer, mais j'imagine que vous ne souhaitez pas vraiment lire l'histoire de ma vie!

Les réponses évasives sont, à mon avis, l'un des plus grands obstacles à l'établissement de relations positives sur le long terme. Le manque de clarté mène à l'incompréhension, à la perception erronée du récepteur, à l'alimentation (en certaines occasions) de faux espoirs, à la déception, à l'insatifaction... et je pourrais même dire à la dépression, dans les cas extrêmes.

Comment ne pas tomber dans les réponses évasives?

Encore une fois, je crois qu'il faut tout d'abord réfléchir à ce que nous allons répondre, à la façon la plus explicite possible de dire les choses. Ensuite, lorsque nous avons répondu, il m'apparaît important de s'assurer que l'autre a bien compris ce que nous voulions dire (par la reformulation, par exemple).

De répondre à l'autre de façon adéquate et réfléchie est, à mon sens, une façon de lui montrer qu'on a du respect envers lui, qu'on souhaite qu'il nous comprenne... et non pas qu'il creuse la propre tombe de sa souffrance par un malentendu ou par une ambiguïté.

MA CONCLUSION

Ces méthodes pour tenir un discours et des relations plus claires ne sont que quelques exemples. Il existe plusieurs autres façons d'éviter de créer de l'ambiguïté dans nos interactions sociales.

Mais le plus important, je crois, c'est de demeurer authentique dans nos façons d'être avec les autres, tout en n'omettant pas de réfléchir aux impacts d'une conversation moins claire (par exemple, si l'autre ne comprend pas réellement ce que nous lui disons, il pourrait croire à tort que nous éprouvons des sentiments à son égard, qu'ils soient positifs ou négatifs... L'appel aux méthodes mentionnées plus haut est donc important pour avoir une communication dite efficace.)

Oui, c'est vrai que de suivre ces méthodes peut sembler un peu embêtant, car lorsqu'on lit "la procédure", on a tendance justement à la percevoir comme une grosse marche à suivre. Pourtant, ce n'est pas le cas. Lorsqu'on utilise ces méthodes couramment, on en vient à ne même plus songer au fait qu'on en use. Elles s'ancrent en nous, deviennent partie intégrante de notre façon d'être en relation avec les autres.

Croyez-moi, je pense que d'essayer du mieux qu'on peut d'être clair dans nos rapports sociaux ne peut que nous permettre de tisser des liens encore plus solides, plus vrais... Cela éloigne la plupart des risques d'inintelligibilité, de ruptures (amicales ou amoureuses), de douleur interne...

Voilà, c'est tout pour le moment.