samedi 12 septembre 2009

Le jugement

Selon le multidictionnaire de la langue française (quatrième édition), le jugement est "l'opinion favorable ou défavorable de même que la faculté de l'esprit qui permet de juger".




Encore une fois, on se retrouve avec une pseudo-définition, qui nous oblige à aller regarder ce que veut dire "juger". Alors voici, bien évidemment, "juger est porter un jugement sur......" (définitivement, le multidictionnaire risque de finir aux vidanges! )



Bon, le jugement est donc issu de l'opinion qu'on se fait de ce qui nous entoure... (non, pour vrai Désolée pour mes tendances un peu sarcastiques, en fait )



Oui, mais encore........



Le jugement est-il nécessaire? Est-il sain? Est-il indissociable de l'Humain???



En fait, je serais tentée de répondre non à ces trois questions, mais cela serait de me mentir à moi-même...



Reprenons donc dès le début. Le jugement est à mon avis nécessaire, dans le sens qu'avec l'opinion qu'on se fait face à quelque chose, on prendra la décision qui nous convient le plus. Dans cette optique, le jugement serait donc sain, car à choisir ce qui nous convient, on poursuit dans la direction de l'atteinte de notre bonheur, non? Et puisque l'être humain est bloqué dans sa propre perception de la réalité qui l'entoure, alors, le jugement est à mon avis indissociable de lui, puisque l'être humain est à primes abord, un être subjectif.



Je ne peux par contre pas clore le sujet ainsi, car malgré le fait que tout ça me semble bien logique, cela manque beaucoup de ce côté "humain" que j'essaie de faire ressortir dans mes messages...



Personnellement, même si je pense que le jugement est sain, indissociable à nous et nécessaire, je pense qu'il est important de mentionner que le jugement n'apporte pas que des côtés positifs.



Le jugement étant une des caractéristiques principales découlant de notre subjectivité, il peut nous induire en erreur.



Malheureusement, la nature humaine est empreinte de ce jugement et est en plus doublée d'une vie en société qui prône des valeurs de jugement. Prenons par exemple l'idéalisation de la femme. La femme "publicitaire" a un corps JUGÉ parfait (même si souvent, cette icône aura un poids santé inférieur à la "norme"). Donc, la plupart des femmes veulent acquérir ce corps, tandis que les hommes eux, s'accrochent à l'idée que la femme ronde, n'est pas désirable, par exemple.



Les jugements "de société" conduisent à mon avis aux préjugés, ce qui, je trouve, peut devenir très malsain, tant au niveau social (les gens tendent à classifier les gens rapidement) qu'au plan personnel (par exemple, la personne ne correspondant pas à l'image JUGÉE correcte ou parfaite pourrait développer un sentiment d'infériorité, une faiblesse au niveau de l'estime d'elle-même).



Ces jugements "de société" nous rendent aveugles face à l'autre. Lorsqu'on vit en jugeant les autres, on démontre tout simplement qu'on se considère comme un être supérieur... Et bon, pour ma part, je crois que tous les êtres humains sont égaux. Donc, j'ai beaucoup de difficulté avec le fait qu'on puisse ridiculiser les autres, par exemple, et ne pas s'en sentir profondément coupable... De plus, ces jugements de société agissent un peu à titre de déterminants de ce qui est acceptable ou non, de ce qui est beau ou non, de ce qui est correct ou non... Alors, honnêtement, je crois que les jugements de société causent beaucoup plus de torts qu'on pourrait le penser. Malgré tout, il demeure indispensable, car sans ces jugements "de société", il n'y aurait jamais eu de Code Civil, de Code Criminel, car personne n'aurait déterminé quels comportements humains sont socialement acceptables et lesquels devraient être punis par la loi (mais là, je me retrouve coincée entre légalité et légitimité... Tiens, tiens, on va faire la distinction plus tard, dans un autre sujet...). Si j'aborde la légalité et légitimité, c'est parce que justement, comme dans tout dans la vie, les Codes mentionnés comportent des lacunes: ils ne tiennent pas compte du contexte des personnes. Bien sûr l'homme qui vole devrait passer au tribunal (légalité), même s'il a volé pour nourrir sa femme et ses enfants (légitimité)? C'est pourquoi je crois que le système judiciaire présent est fondé uniquement sur le jugement, sur le fait que telle chose soit permise ou non, sans prendre en considération le pourquoi du comment... Malgré tout, grâce à ce jugement "de société" qui fut à l'origine de l'écriture des Codes, on a pu réussir à développer des valeurs et des principes ancrés de façon sociétaire (par exemple, presque tout le monde croit que la pédophilie est un acte vraiment répréhensible. Que la personne qui agresse des enfants a un trouble de santé mental, etc.)



Donc, le jugement de "société" peut être bon, mais cela dépend des circonstances, à mon avis.



En ce qui concerne le jugement au niveau personnel, là c'est autre chose. Autant le jugement peut nous aider à faire les meilleurs choix possibles, toujours dans l'atteinte de notre but, le bonheur, autant ce jugement, justement pourrait nous conduire à un manque d'empathie flagrant. Quel jugement avons-nous lorsque nous regardons un itinérant, les joues sales, les vêtements puants, etc.? Souvent, les gens vont avoir tendance à se dire soit "Ben là, le vieux bonhomme dégueulasse" (lorsque c'est un itinérant âgé) ou encore "Ben là, y a juste à s'trouver une job comme tout l'monde!" (quand il s'agit d'un jeune). Ces jugements hâtifs nous déshumanisent en quelque sorte, car nous devenons sourds et aveugles à la souffrance d'autrui. Qui nous dit que le vieillard en question n'a pas tout perdu du jour au lendemain pour se retrouver dans cette situation? Qui nous dit que le jeune qui semble gaspiller sa vie n'éprouve pas, en fait, l'un des plus grands maux qui existent, soit le mal de vivre?



Oui, le jugement est humain, il peut être sain (c'est ce qui se passe lorsqu'on peut utiliser l'expression "Avoir un bon jugement"). Mais le jugement peut nous rendre asocial, apathique...



Et que dire des jugements que l'on porte face à soi-même?



Eh bien, que ces jugements soient de nature positive ou négative, il y aura toujours deux côtés à une médaille. Quelqu'un qui se perçoit (donc, se juge) comme une personne, supposons, très attrayante au niveau physique, n'en deviendrait-elle peut-être pas un peu narcissique à la longue? Au même titre que la personne qui se trouve laide, inutile, incapable, stupide, (je continue d'en énumérer? Faut dire que j'ai de l'expérience dans le domaine... ) pourrait en venir à se détester, à réellement CROIRE qu'elle est tout ce qu'elle pense d'elle-même... Je ne crois pas avoir besoin de nommer les conséquences que cela pourrait entraîner au niveau de l'estime et de la confiance en soi...



Je crois donc, comme dans tout dans la vie, qu'en rapport avec le jugement, il s'agit encore d'une question de dosage, d'un certain équilibre entre "Avoir notre perception propre" et "Admettre que notre vision puisse être erronée".



Mais je tiens à redire que le jugement est nécessaire et que c'est grâce à ce jugement qu'un jour, des philosophes ont décidé de commencer à tenter de comprendre l'Être Humain...

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